- -ard
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-ard, -ardeSuffixe d'adj. et de noms, à valeur péjor. ou vulgaire (ex. vantard), ou à valeur neutre (ex. campagnard).⇒-ARD, -ARDE, suff.I.— Suff. péj. formateur d'adj. ou de subst. qualifiant ou désignant des personnes.A.— La base est un subst., un ethnique ou un nom propre de pers.1. La base est un subst. souvent arg. ou fam. désignant une chose concr.— Le dér. est adj. et subst. :bâtard, béquillard, binoclard, cabochard, paillard, pantouflard, pochard, poissard (sur poix), roublard (sur rouble), soiffard.— Le dér. est uniquement subst. :Rem. 1. Souvent, dans ces mots la base n'est pas sentie. 2. Quant à bâtard, on peut se demander s'il est bien formé sur bât. Noter aussi, avec valeur péj. de -ard, des mots où la base n'est plus directement discernable en fr. mod. : cafard (adaptation de l'ar. kafir), couard (de l'a.fr. coue « queue »), gniard (« enfant », a.fr. niart, sur niais), moutard (cf. le lyonnais mote « petit garçon »), soudard (réfection de soudoier, par changement de suff.).— Ce type est productif :chéquard. Terme péj. désignant les journalistes et parlementaires impliqués dans le scandale de Panama; (qui) le premier, si courageusement a dénoncé les chéquards (BARRÈS, Mes cahiers, t. 1, 1896, p. 61)chosard. Terme formé p. plaisant. sur le modèle de républicain, signifiant « partisan de la chose (publique) »; faites renverser la chose publique par un chosard de la chose (A. FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, p. 215).galonnard. (Ils) doivent être tout ce qu'il y a de plus « anti » et galonnards (PROUST, Sodome et Gomorhe, 1922, p. 885).justiciard. « Terme désignant les gens de justice »; [les médailles] c'est le goût de presque tous les justiciards (BALZAC, Splendeurs et misères des courtisanes, 1847, p. 396).2. La base est un subst., gén. arg., désignant un défaut moral :cagnard (de l'a. fr. cagne « paresse »), cossard, déveinard, flemmard, froussard, goguenard (de l'a.fr. gogue « réjouissance »), peinard, veinard3. La base est un subst., un élément de syntagme, un nom propre, plus rarement un sigle, désignant une réalité sociale ou pol. :blocard (sur Bloc des gauches), bondieusard, cagoulard (sur La Cagoule), cyrard (sur Saint-Cyr), dreyfusard (et dér. antidreyfusard), lignard (sur Infanterie de ligne), quarante-huitard, smicard, smigard (sur les sigles S.M.I.C., S.M.I.G.), sorbonnard4. La base est un ethnique ou un subst. désignant un lieu.— Le dér. est adj. et subst. :briard, campagnard, chamoniard, montagnard, savoyard, tignard— Le dér. est uniquement subst. :bagnard, banlieusard, broussard, maquisard, pistard, salon(n)ard, (salonard, salonnard) taulard ou tôlardB.— La base est un adj.1. -ard s'ajoute à la base.— Le dér. est adj. et subst. :— Le dér. est uniquement subst. :vieillard— Ce type est productif :ganachard. Ton vieux ganachard (FLAUBERT, Correspondance, 1869, p. 411)gouapard. Une voix gouaparde de parisien (DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, p. 173)philosophard. (Les) philosophards allemands (BLOY, Journal, 1893, p. 86). Adj. Sa prose prétentieuse, philosopharde (ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, Le 6 octobre, 1932, p. 159)2. -ard commute avec un autre suff. ou une finale /-eux : chançard; /-in : poupard; /-iste : communard; /-on : mignard, poupard; /-ond : furibard; /-et : rondouillard; /-us : camard; /-aud : soûlard; tubard sur tuberculeux.— Ce type est productif :prétentiard. (Un) ton bien prétentiard (QUENEAU, Loin de Rueil, 1944, p. 174). Subst. (cf. QUENEAU, Exercices de style, 1947, p. 170)pudibard. C'est un président très « pudibard » (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1891, p. 22)Rem. Noter aussi, qualifiant un subst. de l'inanimé : guenillard, (le) salon est guenillard (AMIEL, Journal intime, 1866, p. 384).C.— La base est un verbe (le plus souvent, le dér. en -ard est en concurrence avec un dér. en -eur).— Le dér. est adj. et subst. :babillard, bataillard, braillard, capitulard, cumulard, criard, combinard, débrouillard, démerdard, flanchard, geignard, gueulard, musard, nasillard, paniquard, piaillard, pillard, pleurard, pleurnichard, revanchard, rigolard, traînard, vantard, vasouillardRem. La base peut n'être plus sentie : bavard sur bave « bavardage »; égrillard, peut-être de l'a.fr. esgriller « glisser »; papelard (a.fr. paper « manger »).— Le dér. est uniquement subst. :chauffard, chiard, clochard (sur clocher « boiter »), crevard, fêtard, fuyard, grognard, pendard, scribouillard— Noter, en concurrence avec des termes en -eur, et, plus except., avec des part. prés. :amusard. — C'est un « amusard » (...). Il sera encore là, à trois heures du matin (ALAIN-FOURNIER, Le Grand Meaulnes, 1913, p. 118). Adj. (ALAIN-FOURNIER, Correspondance [avec J. Rivière], 1911, p. 282)bafouillard. Prêtre bafouillard, bredouillard, ventrouillard, /etc./ (BLOY, Journal, 1903, p. 324); il en était tout déconcerté, tout ému, tout bafouillard (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 285)batifolard. Maquignon cossu et batifolard (BLOY, La Femme pauvre, 1897, p. 229)blagard. Ironie blagarde (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1886, p. 547)cafouillard, subst. (Les) cafouillards obsédés (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 400). Adj. (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 340)dynamitard. Cette archiconfrérie des dynamitards (BLOY, Journal, 1892, p. 65)grelottard. (Fiamina) était « grelottarde » (GYP, Souvenirs d'une petite fille, 1927, p. 229)hâblard. La même horde lourde, bouseuse, titubante d'un bobard à l'autre, hâblarde toujours, trafiqueuse, malveillante, agressive entre deux paniques (CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 427)mangeard. Certaine femme dangereuse pour le bon sujet, la « mangearde » que redoute le bourgeois pour son enfant (FLAUBERT, La 1re Éducation sentimentale, 1845, p. 185)songeard. Avec votre façon songearde, vous seriez chez John-Bull in vitam aeternam, que vous ne verriez rien (CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, p. 521); le mot existait en a. fr., cf. GDF.)II.— Suff. formateur de subst. désignant des animaux ou de subst. de l'inanimé.A.— Le suff. n'a pas une valeur péj.1. Le dér. désigne un animal.a) La base est un subst. désignant un animal :mulard. (par changement du suff. de mulet) « Hybride du canard commun et du canard musqué »têtard. (sur tête) « Larve de batracien »— Le dér. désigne le petit d'un animal ou un jeune animal :pouillard. (de l'a.fr. pouil « coq ») « Jeune perdreau » .Rem. Pour -ard formateur de subst. désignant le petit de l'animal désigné par la base, cf. infra, hist.. B 1.b) La base est un subst. concr.bécard ou beccard. (sur bec) 1. Variété de saumon au museau allongé. 2. Nom donné au brochet d'une certaine tailleépaulard. (sur épaule) « Dauphin des mers du Nord à nageoire dorsale haute et pointue »c) La base est un verbe :Rem. Noter aussi, charognard désignant une variété de vautour, employé également au fig. avec une valeur péj. et tocard, mot arg. désignant un mauvais cheval, pris également au fig.2. Le dér. désigne une chose.— Au masc. :billard (sur bille), brancard (sur branque, forme nom. de branche), brassard (sur bras), brouillard (p. chang. du suff. de brouillas, XIIIe s., de broue ou brouée) « brume » , brouillard (par chang. du suff. de brouillon, XVIe s., de brouiller), « livre de commerce » buvard (sur boire), corbillard (sur Corbeil), cuissard (sur cuisse), « partie d'armure » dossard (sur dos), feuillard (sur feuille), étendard (senti comme dér. de étendre), flambard (sur flamber) « charbon à demi consumé », grisard(sur gris) 1. Peuplier blanc. 2. Grès , gueulard (sur gueule), milliard (par chang. du suff. de million), œillard (sur œil) « œil d'une meule... », oreillard (sur oreille) « oreille d'un fauteuil... » , pétard (sur péter), placard (sur plaquer), puisard (sur puits), reniflard (sur renifler) « soupape de chaudière à vapeur », rifflard (de rifler; le sens arg. « parapluie » a pour orig. un nom de personnage), soufflard (de souffler) « jet de vapeur d'eau dans une région volcanique », tortillard (sur tortiller), vasard (sur vase) « fond de sable mêlé de vase »Rem. Noter aussi ds LITTRÉ : bard, bêchard, boîtard, bousard, couillard, faucard, hachard, luisard, meulard, molard (sur meule), tisard; ds Pt ROB. : nasard, pelard, plantard.— Au fém. :bombarde (sur bombe); bouffarde(du rad. de bouffée) « grosse pipe à tuyau court » ; cuissarde « botte couvrant toute la jambe »; moutarde (sur moût); nasarde, (du rad. lat. de nez) vx ou littér. « chiquenaude sur le nez » ; souillarde, (de l'a.fr. souillard « malpropre », sur soil) région. « Baquet à lessive. Arrière-cuisine »B.— Le dér. est un mot arg. dans lequel -ard a gén. une valeur dépréciative :bobard (de bob, d'orig. onomat., cf. a.fr. bobeau) « mensonge »; bobinard (peut-être de Bobino) « café-concert d'ordre inférieur » ou « maison de tolérance »; coquard (sur coque) ou coquart « tuméfaction sur l'œil »; costard (par substitution de -ard à la finale de costume) « costume »; fendard (sur fendu) « pantalon »; mollard (du rad. de moelle, moelleux) « crachat »; pinard (var. pop. de pineau) « vin »; plumard (sur plume) « lit »; sauciflard « saucisson »; traquenard (du rad. de traquer) « piège »; trimard (sur trimer) « route, chemin »Rem. Noter aussi panard « pied ».MORPHOL. — Les dér. en -ard sont formés tantôt par commutation avec un suff. adj., tantôt par addition à une base subst., adj. ou verbale. Dans le 1er cas, -ard peut se substituer aussi à la partie finale de la base : motard sur moto, costard sur cost-ume, furibard sur furib-ond, sauciflard sur sauci-sson, tubard sur tuberculeux. Dans le second cas, il peut y avoir élargissement de la base en [(
)n] : goguenard, traquenard, ou [in] : snobinard; en [z] dans gueusard (graphème final -x de la base), maquisard (graphème final -s de la base), banlieusard et bondieusard (addition de [z]), dreyfusard (
] pour vicieux → vicelard.
PRONONC. — D'apr. FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 413, le groupe -rd se prononce toujours [].
ÉTYMOL. ET HIST.I.— Étymol. — Dep. que DIEZ en a formulé l'hyp., les grammairiens (p. ex. DARM. 1877, p. 89, NYROP t. 3 1936, p. 173, ROHLFS t. 3 1954, p. 319, WOLF 1964, pp. 66-67) s'accordent en gén. à faire remonter le suff. -ard à l'adj. all. hart « dur, fort » qui, pendant la période de l'a.h.all., est entré, comme 2e élément, dans la compos. de n. propres tels Adal-hart (fr. Alard), Bern-hart (fr. Bernard), Ger-hart (fr. Gérard), Regin-hart (fr. Renard), Rîc-hart (fr. Richard)... désignant des individus qui possèdent à un haut degré (hart) la caractéristique contenue dans le rad. (Adalhart « de grande noblesse »). Apr. les invasions germ., ces n. propres seraient passés en fr. et leur termin. se serait ensuite étendue aux n. communs, peut-être par l'intermédiaire de surnoms (du type le bastard) ou de n. propres devenus n. communs (type Renard, désignant le goupil dans le Roman de Renart).II.— HistoireA.— L'existence d'un suff. -ard à valeur augm., intensive, le plus souvent péj., formateur d'adj. se rapportant à l'homme, est très ancienne.1. Adj. formés à partir de subst. concr. : bastard (1086 < lat. bastardus 1010), cuard (ca 1100 Chans. Rol. et var. en -art), gaillard (ibid.), paillard (1200), poupard (1200). Cf. aussi ds GDF. : dentard, gifart, gueulard, jambart, moflart, narinart, pansart, têtart.2. Adj. formés à partir d'un verbe : musard (1086), robart (1226), engignart (XIIIe s.), grognard (XIIIe s.), papelard (XIIIe s.).Le suff. tend à s'accoler princ. à des rad. déjà péj. par eux-mêmes. Cf. aussi ds GDF. : attrapart, grondart, hognart, jasart, louchart, rechignart, rouart, trichart. Cependant il s'accole aussi à des bases de valeur neutre. Cf. ds GDF. : dormart, espérart, frétillart, lisart, mangeart, songeart.Rem. En a.fr. -ard est souvent proche de -eur : pendart a désigné au XIVe s. « le bourreau, celui qui pend » av. de prendre son sens actuel.3. Dér. en -ard à partir d'adj.a) -ard s'ajoute à une base adj. En a.fr. on note : vieillard (1155) intensif (?) de vieil. Jobard est beaucoup plus tardif (1547). GDF. note aussi : lourdard, niart, sotart, et HUG. : finart.Rem. Noter aussi, au lieu de -âtre, ds GDF. : blanchard et grisard.b) -ard commute avec un suff. ou une finale adj. Le procédé est plus tardif : mignard (1418), camard (1534). En fr. mod., il est très productif.B.— -ard, suff. de subst. désignant des animaux ou de subst. de l'inanimé.1. Le dér. est formé directement sur un subst.; -ard a eu une valeur augm.La base désigne des choses concr.; -ard fonctionne comme les suff. servant à former des n. d'instruments et comme augm. : faucard (XIIe s.), billard (1399 « bâton pour pousser les boules »), boîtard (1320), feuillard (XIVe s.), gueulard (1395), œillard (1554), etc.Rem. En a. et m.fr. le dér. a désigné — comme -at — le petit de l'animal désigné par la base : bichart (biche), cornillart (concurremment avec cornillat), louvard (concurremment avec louvat), piart (concurremment avec piat, sur pie). Sur ce modèle ont été formés caillard (1852), chevrillard (1740), pouillard (1875).2. La base est un verbe : flambard (1285), pétard (1495), placard (1410).3. Le subst. est formé à partir d'un adj. en -ard, disparu en fr. contemp. : grisard (1351), a.fr. grisard « grisâtre »; têtard (< a.fr. testart 1303 « têtu » puis « à grosse tête »); oreillard (XVIIe s.). Il semble que beccard (1540), brocard (1466, sur broque), daguard (XVIe s.) et épaulard (Lar. 20e) ont été formés sur ce modèle. Parfois, on est en présence de 2 subst., l'un au masc., l'autre au fém. : cocarde (1530) et coquart (1883) < a.fr. coquard/-t gaillard (1753) et gaillarde (XVe s.) < a.fr. gaillard « fort »; souillard (1842) et souillarde (1836) < a.fr. souillard « malpropre ».4. -ard s'est substitué à un autre suff. ou à une finale.— À -al : brancard (a.fr. brancal < prov. brancal), brassard (prov. brassal < ital. bracciale), poignard (a.fr. poignal < lat. pugnalis).— À -on : brouillard « livre de compte », sur brouillon; milliard, sur million.— À -as : brouillard, sur brouillas.— À -at : brocard « tissu » (a.fr. brocat < ital. broccato); foulard < prov. foulat; cf. aussi supra 1 rem. : cornillart, louvard, piart.III.— Étude des finales de -ard/-arde, -art/-arteA.— Le mot est un subst. inv. en genre.1. -ard []. Le mot est un subst. masc.
a) -ard a pour orig. une finale en -ardu(m), -ardo.— Animaux : chat-pard, guépard, léopard (< lat. pardus).— Subst. de l'inanimé : dard (ca 1100 < lat. dardu(m)), lard (XIIe s. < lat. lardu(m)), nard, XVe s., d'abord narde (1213 < lat. nardu(m) genre fém.).b) -ard est une adaptation de diverses finales, gén. en [].
— Personnes : boyard (1415 < russe boyar), hussard (1605 < all. Husar, du hongr. huszar), sagard « Dans les Vosges, scieur... » (1876 < all. Säger).— Animaux : balbuzard (1676 < angl. baldbuzzard), homard (houmar 1532 < dan. hummer), isard (1387, d'un mot ibér.), lézard (a.fr. lazert < lat. lacertu).— Subst. de l'inanimé : bézoard (bezar, 1314 < port. bezuar, mot d'orig. persane), blizzard (1888, mot amér.), bocard (1714, altération de bocambre < all. Pochhammer), boulevard (1327 boulever < m.néerl. bolwerc), fayard (fayan au XVIe s., < lat. fageus), épinard (espinarde 1256; var. espinach, espinoch < esp. espinaca), hasard (XIIe s. < ar. az-zahr), patard (pastar XVIe s., mot prov. < esp. pastaca), ringard (1731 < all. Rengel).c) Le mot est à l'orig. un n. propre :— Animaux : renard.— Subst. de l'inanimé : bénard, jacquard, pommard.d) Le mot est un déverbal : chambard, égard (< a.fr. esguarder), fard, regard.Rem. La finale des mots en -ard se prononce [] sauf pour steward [
], horse-guard [
(w)
] et yard [
], mots anglais d'introd. relativement récente.
2. -arde []. Le mot est un subst. fém.
a) -arde a pour orig. une finale en -arda, -ardo.— Animaux : outarde (XIVe s. < lat. avis tarda).— Subst. de l'inanimé : carde (XIIIe s., prov. carda < lat. cardus), hallebarde (< ital. alabarda), guimbarde (1625 < prov. mod. guimbardo).b) -arde est une adaptation de finales d'orig. francique : écharde (escherde, XIIe s. < frq. skarda), harde (herde, XIIe s. < frq. herda).c) Le mot est à l'orig. un n. propre : bénarde, mansarde.d) Le mot est un déverbal : garde, mégarde, sauvegarde.Rem. Qqs. subst. sont du genre masc. : barde (1512 < lat. médiév. bardus), garde (de garder) et les composés sav. en -carde tels que endocarde, myocarde.3. -art []. Le mot est un subst. de l'inanimé, gén. du genre masc.
a) -art a pour orig. un mot lat. : art (< ars, artis), essart (XIIe s. < b.lat. exsartu(m)), quart (XIVe s. < quartu(m)).b) -art est une adaptation de diverses finales : braquemart (1411, bragamas 1392, altération de bergamasco, ou plus prob. emprunt du néerl. breecmes « coutelas »), dog-cart (1858, mot angl.), épart ou épar (esparre 1175 < germ. sparro), hansart (XIIIe s. < germ. hand seax), rohart (roal 1180 < anc. norrois hrosshval), standard (1817, mot angl.).c) Le mot est à l'orig. un n. propre : savart.d) Le mot est un déverbal : départ, écart, encart, rempart.Rem. 1. Deux subst. en -art sont du fém. : hart « lien » (XIIe s. < frq. hard « filasse ») et part (842, de suo parte); art jusqu'au XVIIe s. admettait l'un ou l'autre genre. 2. Les mots en -art se prononcent [], sauf fart (1907, mot norv.) qui se prononce tantôt [
], tantôt [
].
4. -arte []. Le mot est un subst. fém. : carte, charte (< lat. charta), marte, var. de martre (frq. marthor, cf. all. Marder), tarte (variante de tourte due à l'influence du lat. médiéval tartarum).
B.— Adj. variable en genre— -ard♦ Ethniques : bragard, lombard, picard.♦ Autres adj. : blafard (XIVe s. < m.h.all. bleichwar), hagard (1398 < m.h.angl. hagger « sauvage »).Rem. Noter standard et sarde, adj. inv. en genre.BBG. — BERMAN (P. R.). Derivational models in French choreonyms before 1588. Rom. Philol. 1970, t. 23, p. 297. — COHEN 1946, p. 66. — DARM. 1877, p. 88. — DUB. Dér. 1962, passim. — FICHTNER (E. G.). The Etymology of goliard. Neophilologus. 1967, t. 51, pp. 231-232. — GLASER (K.). Le Sens péj. du suff. -ard en fr. Rom. Forsch. 1910, t. 27, pp. 932-983. — GOUG. Lang. pop. 1929, pp. 140-141. — LEW. 1960, passim.-ard, -arde❖♦ Suffixe, d'origine germanique, qui entre dans la composition de noms et d'adjectifs auxquels il donne dans les formations modernes une nuance péjorative ou vulgaire. — Ex. : froussard, revanchard, vicelard. ⇒ Péjoratif.1 (…) -ard, autrefois attaché à des noms propres : Bernard, Renard, aujourd'hui accolé à des noms communs, auxquels il donne une nuance défavorable : dreyfusard, revanchard.F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 61.2 (…) -ard et -aud, empruntés à deux finales fréquentes de noms germaniques composés (Renard, Renaud), n'ont aucune valeur dépréciative dans les plus anciennes formations comme canard, étendard, vieillard, levraut, mais ils l'ont acquise parce qu'un certain nombre de ces dérivés (qui étaient parfois aussi des adjectifs) la portaient dans leur radical, tels couard (proprement « qui a la queue basse »), (…) -ard, dans les formations modernes, est dérivé d'un verbe (criard, nasillard, vantard); des formations plus récentes le dérivent d'un substantif (dreyfusard, partisan d'Alfred Dreyfus, en 1898-1900; maquisard, combattant du maquis, en 1943-44, — d'abord dans la bouche des adversaires).A. Dauzat, Grammaire raisonnée de la langue franç., p. 70-71.
Encyclopédie Universelle. 2012.